Bien évidemment qu'il y a autant de façon d'accompagner que de thérapeutes…
Mais pour moi c’est prendre la personne là où elle en est, et y mettre de la lumière.
Parfois on attrape les mains de l’autre pour le sortir du trou béant, tout noir, dans lequel il est englué, comme pour cet homme au bord suicide…
Parfois on regarde de loin et on se fait discret, on a juste besoin d’arroser pour que ça pousse, comme pour cette femme qui a envie d'un enfant, qui ne le sait pas et qui surtout ne s’en croit pas encore capable…
Parfois on est presque cinglant, comme avec cette femme qui se meurt dans sa relation et qui a un besoin vital qu’on lui mette la tête dans sa mer** pour pouvoir en sortir.
Parfois on est juste une étincelle, comme avec cette ado d'une sensibilité à fleur de peau, qui le trouve vraiment laid le monde dans lequel on vit. Alors on lui propose de changer la caméra d'épaule, de regarder par un autre trou, d'entrevoir la vie, juste comme ça, en décalé.
Parfois c’est aussi aider à sortir les poubelles, comme avec cette petite fille trop pleine des ordures des autres et qui ne sait plus quoi en faire de tout ça. Alors on lui montre et on lui apprend.
Ça peut aussi être, avoir du respect pour la fêlure de l'autre. Et ne pas la lui mettre dans la gueule tout de suite, non, pas à la première séance, sinon lui, il ne reviendra jamais. Lui donner du temps, même si on a déjà vu, lui il n’en est pas là, ça serait trop… Attendre un peu.
Accompagner c'est tenter de trouver la juste place et surtout ne pas voler son autonomie au patient.
C'est ne pas voler à l'autre son pouvoir sur sa vie. C'est se faire le plus petit possible pour qu'il change et qu'il nous oublie.
Accompagner l’autre c’est tout ça et tellement plus.